Retour sur l’afterlab sur la cotutelle internationale

Pour le premier afterlab de l’année 2017/2018, AquiDoc s’est associé au Collège des Ecoles Doctorales dans le cadre de la semaine internationale afin de proposer une information spécifique aux doctorants en cotutelle.

Quelles sont les différences avec un doctorat classique ? Comment se vit un doctorat en cotutelle ? Et surtout, comment le valoriser par la suite ? Nous avons tenté d’apporter des réponses jeudi 19 octobre, grâce à cinq témoignages : Mmes. Caroline Chabot, Laurence Padiolleau et Caroline Royer, toutes trois en fin de 3e année et respectivement doctorantes en Société, Politique, Santé Publique (spécialité Sociologie) pour la première ; et Sciences Chimiques (spécialité Polymères) pour les deux suivantes ; ainsi que deux diplômés, M. Walid Oukil, docteur en Mathématiques et Informatique (spécialité Mathématiques appliquées et Calcul scientifique) et Mme. Stéphanie Danaux, docteure en Histoire de l’Art et co-organisatrice de l’événement du côté du Collège des Ecoles Doctorales. A la diversité des domaines représentés répondait celle des établissements d’accueil : la Universidade Federal do Paraná (Brésil), l’Université Laval et l’Université de Montréal (Canada), ainsi que l’Université de Bordeaux pour M. Oukil dont l’établissement d’origine était l’Université des Sciences et Technologies Houari-Boumedienne (Algérie).

Nous sommes tout de suite entrés dans le vif du sujet en listant les avantages spécifiques du doctorat en cotutelle. Tout d’abord, la cotutelle conduit à avoir deux diplômes de docteur… dans deux pays différents, ce qui est loin d’être négligeable pour poursuivre une carrière (universitaire ou non) à l’étranger : un diplôme local sera toujours mieux reconnu qu’un diplôme français et parlera davantage aux recruteurs. Ensuite, le doctorant en cotutelle a accès à deux laboratoires : il bénéficie ainsi d’autres ressources documentaires, d’autres ressources financières, d’autres équipements, de l’accès au terrain pour des enquêtes ou des mesures, mais aussi de l’appui d’une autre équipe de recherche qui pourra peut-être apporter des réponses ou un point de vue différent sur le sujet de thèse. Ces rencontres scientifiques peuvent d’ailleurs être l’occasion de se créer un double réseau, qui peut être mis à profit lors de sa recherche d’emploi.

Si toutes ces ressources supplémentaires peuvent venir enrichir la thèse, c’est aussi l’expérience à l’étranger en elle-même qui bénéficiera au futur docteur et candidat à un poste dans ou hors la recherche, surtout si ce poste est également en lien avec l’international. En effet, partir à l’étranger signifie sortir de sa zone de confort et développer des qualités appréciables pour un recruteur, au premier rang desquelles l’adaptabilité à un milieu qui peut être très différent, avec sa culture et ses méthodes de travail spécifiques, l’ouverture d’esprit et la volonté d’apprendre. Vivre à l’étranger exige à la fois de l’autonomie, étant parfois à des milliers de kilomètres de sa famille et de ses amis, mais aussi la capacité à aller vers les autres et à bousculer sa timidité. Des compétences plus managériales peuvent aussi être nécessaires, comme par exemple la gestion d’équipe, voire de conflit, entre ses deux directeurs de thèse. Sur ce point, nos intervenants insistent sur la communication régulière afin de ne pas laisser les liens se distendre et les problèmes rester sans solutions.

Il existe néanmoins quelques inconvénients à surmonter dans le déroulement d’une thèse en cotutelle. Le plus évident est la gestion des formalités administratives dans les deux universités, accompagnée des soucis de visas et de déménagements multiples. Le cursus universitaire du pays d’accueil, différent, peut parfois nécessiter des compromis en termes d’exigences pour l’obtention du diplôme : formations, nombre et qualité des articles rédigés, longueur du manuscrit, soutenances intermédiaires, durée du doctorat… Il faut souvent répondre aux critères les plus stricts des deux universités ! Egalement, l’immersion dans une autre culture n’est pas toujours évidente, surtout lorsqu’on y fait face seul.

Malgré ces difficultés, aucun de nos intervenants ne regrette son doctorat en cotutelle tant la plus-value est conséquente. D’abord pour la thèse elle-même, qui ne peut que se nourrir de la confrontation des avis et des façons de penser. Pour la poursuite de carrière également : avoir une expérience internationale est aujourd’hui presque incontournable, même en France. Pour soi, c’est un défi dont les enseignements sont multiples. Enfin, ces quelques mois dans un pays étranger peuvent permettre de perfectionner sa maîtrise d’une langue (ou de l’apprendre !), un enrichissement personnel et un atout pour son CV.